Le Community Land Trust est né aux Etats-Unis dans les années 60 en s’inspirant de modèles existant dans d’autres pays comme les cités jardins au Royaume-Uni dont la plus emblématique est Letchworth Garden City, les Kibboutz en Israël (coopératives agricoles) et le mouvement Gramdan en Inde.
Chacun de ces modèles visent, à sa manière, une forme de propriété collective du foncier (qu’il s’agisse de terrains agricoles et/ou à bâtir), ainsi que la gestion coopérative des logements et d’autres fonctions. C’est sous l’impulsion de deux personnages centraux, Bob Swann, militant pour la paix, et Slater King, cousin de Martin Luther King Jr et chef de file du mouvement pour les droits civiques, que le modèle des CLT a petit à petit émergé aux Etats-Unis.
Tous deux ont lutté pour permettre une indépendance économique et résidentielle, sur le long terme, des populations afro-américaines. Dans le sud des États-Unis, la majorité de la communauté noire travaillait alors comme ouvriers agricoles au service de propriétaires terriens blancs. La communauté noire, au service de la communauté blanche, en était également complètement dépendante. Pour ces deux hommes, pour atteindre une véritable égalité, il fallait donc obtenir la propriété de sols.
Le premier projet CLT américain a été créé en 1969 à Albany en Géorgie, sous le nom de « New Communities Inc » et s’est construit à travers l’acquisition collective de terres agricoles.
Jusqu’à la fin des années 80, d’autres projets de CLT se sont lentement développés, se perfectionnant dans leurs formes juridiques et règles de fonctionnement.
Le défi qui était alors d’assurer la pérennité du caractère « accessible » des terrains acquis, a petit à petit évolué vers l’enjeu de l’accessibilité de logements pour les familles les plus pauvres.
Les enjeux liés à la revitalisation des centres urbains et l’apparition de formes de gentrification dans certaines zones sont venus renforcer la pertinence du modèle des CLT en zone urbaine.
C’est donc dans les années 1990 que le modèle des CLT a vraiment commencé à s’épanouir aux États-Unis et que des projets se sont mis en place, grâce à une politique et un environnement de financement favorables (loi définissant et soutenant le développement du modèle de CLT et subventionnement important des pouvoirs publics). D’une douzaine au début des années 80, il existe aujourd’hui plus de 240 CLT américains.
Alors qu’ils étaient historiquement portés par les mouvements de base, on voit maintenant de plus en plus de projets de CLT portés par les pouvoirs publics locaux.
Toutes ces évolutions ont engendré une diversification des formes de CLT. Certains visent surtout un habitat accessible, d’autres se focalisent sur la création de quartiers reposant sur le développement d’activités sociales, culturelles et économiques utiles à la communauté locale. Ils sont présents dans des régions rurales autant que dans des quartiers urbains défavorisés.
Certains possèdent cinq habitations, d’autres cinq cents. Le plus grand, « Champlain Housing Trust » se situe à Burlington, dans le Vermont. Il est géré par une équipe de 80 personnes et détient plus de 2200 logements, mis en acquisitif comme en locatif, ainsi que 10.000 m² de surfaces commerciales, de services et d’activités sans but lucratif. Il a été honoré du prix de l’« Habitat Mondial » des Nations Unies en 2008.